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Instants Gay - Roman gay - Indy sans Jones
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#15 Son retour

#15 Son retour

#15 Son retour

Le soleil de ce jour là me permit de marcher plutôt que de prendre le métro. Sourire aux lèvres et pas sautillant. Le retour de Jun. Mon meilleur ami était de retour en France après de longues semaines de voyages, notamment à re-découvrir sa Corée natale. Il avait toujours annoncé que la date de son retour était inconnue, mais le braquage avait précipité les événements. Jun fonctionne à l'instinct, et son instinct lui avait dit que le moment de revenir était arrivé.

La traduction de son prénom signifie «génie, homme talentueux et remarquable». Des gens portent bien leurs prénoms. Et Jun en fait partie. De ceux dont on peut dire que le prénom leur colle à la peau. A la fois positivement, pour les petites filles sages prénommées Hortense, Blanche ou Capucine. Et négativement pour les petits garçons brouillons comme Kévin ou Pierre. Ces derniers étant toujours durs comme l'élément du même nom. Je crois beaucoup à l'impact du prénom sur la vie des gens et j'avais trouvé chez un bouquiniste un vieil ouvrage relatif à ce sujet. Pour chaque prénom était décrit un caractère, un schéma affectif et intellectuel ; psycho-affectif dirons-nous donc. Jun ne figurait pas dans la liste des prénoms proposés, seuls les noms de la France des années Giscard étant référencés - le livre ayant été publié alors que Cher n'en était qu'à son troisième lifting. Mais si « Jun » y avait figuré, l'auteur aurait noté que ces personnalités sont talentueuses. Bien entendu, « Indy » n'est pas non plus un prénom référencé.

Nous nous sommes rencontrés au collège. L’époque des appareils dentaires et des premiers émois ; car à 13 ans quand j'avais embrassé Margot sans la langue j'avais été émoustillé. Je tentais encore d'être hétéro à l'époque.

Au lycée, nous sommes pour ainsi dire devenus frères. C’était cette fois-ci l’époque de la musique dans la chambre, des looks craignos et des baisers avec la langue.

Jun n’est ni hétéro ni gay. Un bi alors ? Pas vraiment non plus, c’est là aussi son originalité. Il a ses périodes disons. Dans tous les cas, Jun vit des histoires qui semblent platoniques sexuellement. Mais intenses intellectuellement. Pas de relations physiques ou très peu, ce qui déjà enlève un bon nombre de prétendants. Pour autant, il a connu des histoires amoureuses car sa simple présence est tellement enrichissante qu’on en oublie le reste. Jun magnétise. Il envoûte. Il surplombe, tout autant qu'il se fond parfaitement dans l'univers de Sébastien, petit cliché sur pattes.

Quand Jun parle, ses yeux brillent, de telle sorte qu’il est devenu une drogue. On m’a déjà dit que j’en étais amoureux. J’avoue que la question m’a perturbé. La différence entre amour et amitié-fusion, n’est-ce pas en grande partie au niveau sexuel ?

Or, Jun ne prend pas en compte cette considération…

Nous n'avions jamais rien fait de tendancieux ensemble. Ni nous embrasser. Mais nous avions beaucoup fait de câlins, pour complexifier encore notre amitié. Aucune relation ne se ressemble et la nôtre est assurément unique.

En ce jour ensoleillé, j’avais acheté des fleurs. Je ne saurais pas dire pourquoi. C’était pour lui, des fleurs pour son retour. Pas forcément approprié à des retrouvailles mais il en était ainsi.

Malgré le soleil, j’avais bien dû prendre le RER car Roissy n’est pas à portée de jambe…

Lorsqu’il est apparu, je suis resté sans bouger. Un grand sourire collé aux lèvres puis nous nous sommes enlacés pour chacun dire à l’autre combien il est bon de se retrouver. Mon colocataire se serait cru dans une série télévisée, il aime bien s'imaginer derrière l'écran surtout quand il y a une bonne luminosité.

Dans le RER du retour, je me suis aperçu que dans l’excitation du moment j’avais oublié mes fleurs sur un banc. Mais j'étais avec Jun, c'est tout ce qui comptait.