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Instants Gay - Roman gay - Indy sans Jones
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#45 Coup sur coup

#45 Coup sur coup

#45 Coup sur coup

Il pleuvait une légère bruine d'automne. Le café bouillant laissait s'échapper une vapeur qui caressait le visage de Sébastien, plongé dans ses pensées. Il était déjà habillé, les cheveux encore humides, portant sobrement un chino taupe et un pull bleu marine.

 

Il avait posé face à lui, sur la table de la cuisine, les trois boîtes de pilules nécessaires à son traitement post exposition VIH, après sa prise de risque de la veille. Le médecin des urgences lui avait conseillé d'arriver très tôt ce lundi matin-là pour effectuer des prises de sang et obtenir une nouvelle ordonnance. Premier arrivé, premier passé. Mon coloc n'avait aucune envie de devoir rester plusieurs heures à attendre dans le service des maladies infectieuses et tropicales.

 

Il notait sur un petit carnet, posé à côté de sa tasse, quelques idées pour l'organisation de sa prochaine grande soirée gay. J'étais content qu'il ne perde pas la main, et que même un matin triste il ait toujours à l'esprit ses objectifs.

 

Il hésita un peu, se racla la gorge et dit :

. Alors, Ben ?

 

La veille au soir, aux urgences, alors que je l'accompagnais, nous avions croisé par hasard mon ex, Benjamin. La situation avait été très malaisante. Il était pressé ; nous étions très préoccupés. J'y avais pensé en bonne partie le reste de la soirée. Revoir son visage, sa silhouette, son regard profond plongé dans le mien. Même si nous ne nous étions croisés que l'espace de quelques secondes, et de quelques mots d'une banalité affligeante, j'avais été perturbé.

 

C'est ce que l'on doit appeler la loi de l'attraction. Mon téléphone sonna, laissant apparaître le prénom de Benjamin qui venait de m'envoyer un message. « Ça m'a fait plaisir de te revoir hier soir, même en coup de vent. Es-tu disponible ce soir ou cette semaine pour un verre ? »

 

Dans les 15 secondes qui suivirent, François m'adressa un SMS. « Tu dors chez moi ce soir ? »

 

Je n'avais pas le temps de vraiment analyser la situation que Sébastien se levait déjà, sans attendre ma réponse. Je ne pouvais pas l'accompagner à l'hôpital, une grosse journée m'attendait au journal.

 

. Je n'en sais rien, je viens de recevoir coup sur coup des messages de Benjamin et François.

. Tu sais très bien ce que je pense du fait de ressortir avec un ex. C'est comme ravaler son vomi.

 

L'image était suffisamment claire. J'avais tendance à penser comme lui, Benjamin m'ayant affreusement fait souffrir. Pour autant, entre les deux propositions pour le soir même, c'est le verre avec lui qui me tentait le plus.